Rebondir après le RSA : Kelly nous raconte son parcours vers l’emploi

Après un Master en Études cinématographiques à Montpellier et un peu moins de deux ans au RSA, Kelly trouve un poste de vidéaste dans une Structure d’Insertion par l’Activité Économique. 

 

Cette expérience sera pour elle un premier tremplin avant d’être recrutée par Sciences Po Grenoble.

 

Bonjour Kelly, pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a amenée à être au RSA ?
J’ai obtenu mon bac à l’âge de 20 ans. Puis je suis allée à la fac. A 26 ans j’en suis sortie  avec un master en Études Cinématographiques à Montpellier. Je suis alors revenue auprès de mes proches à Grenoble. Lorsque j’ai voulu chercher un emploi avec un tel diplôme, cela a été difficile. Il n’y avait pas d’offres dans ma branche dans la région grenobloise et j’étais surqualifiée pour des emplois alimentaires. C’est ainsi que j’ai fini par m’inscrire au RSA.

Pendant combien de temps avez-vous bénéficié du RSA, et comment l’avez-vous vécu ?
J’ai été au RSA d’octobre 2016 à juin 2018, soit un peu moins de deux ans. J’ai néanmoins réalisé quelques courts CDD pendant cette période. J’ai notamment fait des vendanges et travaillé dans un cinéma.
Cela a été une période longue et compliquée, pleine de questionnements. Je n’avais pas du tout confiance en moi et ne savais pas ce que j’allais pouvoir faire de ma vie. J’avais néanmoins la chance d’être hébergée chez ma mère. Sans cela, je ne sais pas comment j’aurais fait pour financer un logement.

Comment avez-vous été accompagnée dans le cadre du RSA ?
J’ai été accompagnée par Pôle Emploi pour trouver un poste salarié. J’ai suivi le dispositif « Activ’projet», un suivi sur huit semaines pour nous aider à faire le point sur nos envies, nos compétences afin de construire notre projet professionnel. Après plusieurs tests et des rendez-vous individuels, ma conseillère m’a poussée à persister dans ma passion pour le cinéma, la vidéo et à acquérir des premières expériences. Elle m’a parlé à ce moment-là des possibilités de Périodes de Mise en Situation en Milieu Professionnel, les PMSMP, une sorte de stage qui permet de s’immerger en entreprise pour découvrir un métier.
J’ai alors entendu parler du tournage d’un long-métrage sur Grenoble. J’ai aussitôt envoyé un email pour proposer mon aide en régie via ce dispositif. J’ai ainsi pu participer au tournage, en amont puis sur le terrain, pendant deux mois.

Comment avez-vous ensuite intégré la structure d’Insertion Impact – Le plan Com comme vidéaste ?
Après l’expérience enrichissante du tournage, quand l’équipe est partie, j’ai eu l’impression de retourner à la case départ avec mes doutes, mes peurs, mon manque de confiance.
Je réalisais que la régie n’était pas mon domaine de prédilection et que pour continuer, il aurait fallu déménager à Paris ou à Lyon. Financièrement, psychiquement aussi, je ne m’en sentais pas capable. J’avais donc perdu tout espoir de travailler dans ce domaine.
Pôle Emploi m’a alors transmis une offre de poste d’Assistant.e administratif.ive au sein d’Impact-Le Plan com, une structure d’insertion grenobloise spécialisée en communication. J’ai postulé et été reçue en entretien. Cette offre était déjà pourvue, mais à la vue de mon CV, ils m’ont proposé un poste de vidéaste. Cela a été une véritable aubaine.

Qu’est-ce que votre expérience dans cette SIAE (Structure d’Insertion par l’Activité Économique) vous a apporté ?
J’avais fait des court-métrages à la fac et même avant. Je savais donc filmer et faire du montage, mais je n’avais jamais fait de reportages, d’interviews, de vidéos institutionnelles. J’ai pris plus d’assurance, j’ai pu expérimenter sans pression, accepter de faire des erreurs pour apprendre et monter en compétences. Cela m’a permis de prendre confiance en moi.

Avez-vous eu d’autres soutiens pendant votre parcours d’insertion ?
Mon compagnon m’a beaucoup soutenue et m’a aidée à traverser les moments de grand découragement.

Vous avez aujourd’hui obtenu un poste salarié de vidéaste au sein de Sciences Po, comment cela s’est-il passé?
A la fin des deux années passées au sein d’Impact-Le Plan com’, suite à une mauvaise chute, j’ai été en arrêt maladie pendant huit mois. Dès que mon arrêt s’est terminé, je me suis inscrite à Pôle Emploi et j’ai vu cette offre. Il se trouve qu’un an auparavant j’avais déjà postulé, passé l’entretien mais n’avais pas été retenue. Cette fois, ça a marché !

Quelles sont les qualités qui vous ont permis de réussir votre insertion professionnelle ?
Je prends mon travail très à cœur, j’ai le goût de faire les choses bien. J’ai pu m’apercevoir aussi que j’ai une aptitude à comprendre facilement les besoins des clients en termes de  vidéos. Cela me permet de répondre favorablement à leurs attentes.

Quel serait votre message pour encourager des personnes actuellement au RSA ?
Je crois que toutes les vies et les parcours sont différents. Mais je pense que de façon générale il est important de ne pas s’isoler. Si parfois les questions de notre entourage sur nos recherches d’emploi peuvent être dérangeantes, nous pouvons leur exprimer que cette question est douloureuse et que nous avons besoin de nous vider la tête en parlant d’autres sujets.
Il est important aussi d’oser, d’essayer des choses. Profiter des PMSMP pour découvrir des métiers, ne serait-ce qu’une journée par exemple. Pour sortir de la spirale négative qui nous entraîne à avoir de moins en moins d’envie, il faut parfois se forcer doucement à faire des choses.