Polar en eaux stagnantes

Avec la BD «  Au fil de l’eau », Juan Díaz Canales nous livre un récit poignant, un polar bien huilé qui traverse les générations pour s’attarder sur celle des laissés pour compte de la société espagnole.

Dans l’Espagne d’aujourd’hui, marquée par la crise, Niceto octogénaire passe sa retraite entouré de sa bande de vieux copains, de son fils Roman et de son petit-fils Alvaro. Pour améliorer le quotidien, le groupe se livre au trafic de revente d’objets volés. Une activité qui prêterait presque à sourire – ces vieux briscards anarchistes traficotant en face du commissariat – mais les membres du groupe disparaissent les uns après les autres dans d’étranges circonstances.

Un polar hors norme

Avec « Au Fil de l’eau », Juan Díaz Canales nous livre un polar hors norme, sombre et profond.
Scénariste de la série Blacksad et des nouvelles aventures de Corto Maltese, il est ici l’auteur unique du récit. Son trait de crayon, à la fois sobre et incisif, retransmet avec efficacité les atmosphères et les expressions des protagonistes. Le choix du noir et blanc renforce l’opacité stagnante tandis que le recours aux visions oniriques intensifie l’intrigue.

Un récit social et intimiste

L’histoire est riches d’entrées diverses : les rapports conflictuels entre générations, la paupérisation de ces vieux à la marge. Plus universellement, il s’agit aussi du rapport au temps qui passe, de la vieillesse qui sabote tout. Un roman noir à l’issue inattendue et déroutante.

20161118 aufildeleau3Au fil de l’eau
Récit et dessin de Juan Díaz Canales
Éditions Rue de Sèvres
108 pages
17,00€