Pour ne pas les oublier !

Le 4e hommage annuel public dédié aux hommes et aux femmes sans domicile décédés durant l’année écoulée a eu lieu vendredi 03 juillet à partir au Jardin de Ville de Grenoble.

Les dangers d’une chaleur accablante

L’épisode caniculaire, commencé en début de semaine, échauffait les esprits, alimentait toutes les conversations. La tentation était grande de rester au frais chez soi ou dans un espace climatisé. Aussi, malgré une forte mobilisation des bénévoles, la participation des grenoblois a été moindre que celle des années précédentes.

Chacun aura pu constater la difficulté de supporter cet épisode de chaleurs extrêmes, or, pour les sans-domicile fixe, c’est une épreuve supplémentaire dans leurs difficultés quotidiennes. Ils n’ont que peu d’endroits ou s’abriter du soleil et n’ont pas toujours la possibilité de se rafraîchir ou de se réhydrater autant que nécessaire et peuvent rapidement être en danger. Les risques de déshydratation, d’insolation et d’accidents cardio-vasculaires peuvent même représenter une urgence médicale potentiellement mortelle car cette population est particulièrement fragilisée par des conditions de vie difficile et des difficultés d’accès à l’hygiène et à un suivi médical irrégulier.

Un besoin de souvenir et un devoir de mémoire

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L’hommage s’est déroulé au cœur de la ville à 12h, près du kiosque du parc du Jardin de Ville dans la solennité et la dignité. Lors de la prise de parole, les membres de l’association ont rappelé leur mission d’aide et de soutien à la famille et aux amis, lors de l’inhumation d’un de leurs proches.

Chacun a ensuite pu s’exprimer en micro libre. Plusieurs ont choisi de dénoncer la situation de plus en plus préoccupante de l’accès à l’hébergement, le manque de perspectives de vie et le besoin de solutions concrètes. Le témoignage poignant de la sœur de Samy, décédé le 1er août 2014, a provoqué une vive émotion parmi tous les participants.

Après un temps de silence et de recueillement pour toutes les personnes décédées durant l’année, le cri de colère a libéré les gorges nouées pour donner libre cours à la musique, au chant et à la danse. Les conversations ont repris. Les artistes-peintres et le caricaturiste cled’12 ont poursuivi leurs affichages.

Tandis que les fleurs étaient installées sur le char, les bénévoles ont rassemblé les galets du souvenir des disparus, avant de traverser la ville pour rejoindre les carrés communs du cimetière du Petit Sablon. À cette occasion les chiens, tenus en laisse, étaient admis dans l’enceinte pour permettre à toutes et à tous de se recueillir.

 Les hommes, les femmes et les enfants vivant dans la rue sont particulièrement sensibles aux aléas climatiques. Pendant la canicule de 2003, quatre-vingt-six d’entre eux, au moins, sont morts dans la rue faute de soins. On ne peut que s’interroger sur l’à-propos de solutions d’hébergement principalement axées sur le froid. Juillet est, d’ailleurs, un des mois où l’on recense le plus de décès dans l’année. Comme l’a déclaré Claire, membre du collectif : « quand on a des chiffres et qu’on a des noms, on ne peut pas dire qu’on ne savait pas ! ».

 

 Association des Morts de la Rue

Le Point d’Eau, 31 rue Blanche Monier – Grenoble

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