Hébergement : il y a urgence à tous les niveaux

En reportage lors de la mobilisation des professionnels de l’urgence sociale, le 27 mars, place Félix-Poulat : quelques extraits d’interviews.

Marie-Jo Chappot, actuellement administratrice au Relais Ozanam, ancienne directrice de la Boussole et ancienne Présidente de Femmes SDF :

Je suis là pour représenter l’association du Relais Ozanam, pour soutenir le 115 et pour informer les citoyens sur la situation des personnes qui n’ont pas de logement et qui sont à la rue ou dans des lieux absolument précaires.

Marie-Jo Chappot Administratrice Relais OzanamJe pense qu’il y a un travail constant à faire. Il faut dire que cela existe et que dans notre pays il y a des familles qui sont dehors, qu’il y a des enfants qui partent à l’école et qui ont dormi sous la tente ou je ne sais où. Il faut le dire et le redire, parce que tout le monde n’en est pas convaincu.

C’est comme si cela se passait là-bas très loin. Mais non, cela se passe chez nous !

Il n’y a pas suffisamment de places et ce n’est pas pérenne. Cela ne permet pas de véritablement se poser, de se remettre en état de projet. Cela ne permet pas aux personnes de reprendre leur vie en main, comme je dis.

Ce que nous demandons, c’est d’avoir les moyens, tout simplement, d’appliquer la loi. C’est tout. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Il n’y a pas les moyens.

C’est l’Etat qui fait défaut, bien sûr. La situation se dégrade, même s’il y a des petites rallonges, comme on dit. On ne traite pas la situation à fond.

On ne peut que dénoncer cet état-là, on ne peut que dire que cela ne peut continuer.

Il y a urgence, à tous les niveaux.


Yannick Ecoutant salarié au 115Yannick, écoutant salarié au 115 :

L’enjeu, c’est déjà de rendre publique une situation où beaucoup de gens sont en demande d’hébergement d’urgence. Ces derniers mois, on est à 90 % de demandes non satisfaites. En même temps, ces demandes sont en constante augmentation. Les appels ont été multipliés par 4 par rapport à 5-6 ans.

Il faut rendre publique cette situation-là, car elle est très mal connue dans l’opinion publique. Les gens s’imaginent l’idéal-type du sans-abri, avec l’idée reçue que la plupart sont à la rue parce qu’ils refusent les hébergements.

Ensuite, il faut faire un rappel des principes qui sont contenus dans la loi et qui sont aujourd’hui non respectés : la continuité, l’inconditionnalité de l’urgence sociale.

C’est un appel à se remobiliser collectivement et à se réorganiser pour être en situation de respecter ces principes légaux.

 

José AJosé Arias Conseil Général IsèreRIAS, élu local du Parti Communiste, chargé de l’action sociale et de l’insertion au Conseil général de l’Isère

Il s’exprime sur le cas des demandeurs d’asile :

Il y a une obligation de l’Etat à héberger ces personnes. Aujourd’hui, il se défausse. Nous sommes en train de créer une situation inextricable où aujourd’hui le Conseil général en est à louer 155 chambres pour que les enfants ne dorment pas dehors et nous sommes sur un flux sur lequel nous n’avons aucune maîtrise.

Nous ne pouvons plus faire face à la situation. Nous avons informé les associations. On travaille avec elles à faire en sorte que nous apportions des propositions pour que l’Etat reprenne ses compétences, parce que c’est fondamental que la notion d’accueil reste une obligation nationale.

 

Fenech SDFFeneck, SDF, avec ses deux chiens

Il est à la rue depuis le matin du 27 mars, à la suite de la fermeture de la structure d’hébergement d’urgence Le Perce Neige, avec la fin du dispositif hivernal, décrété par la Préfecture de l’Isère :
On s’est déjà fait virer de trois squats. Après, j’étais à Perce Neige. En ce moment, on est à la rue, depuis ce matin. Heureusement, il y a Point d’eau, on a pu y amener nos sacs.

Selon lui, il faudrait trois types d’hébergement :
Premièrement : un spécial pour les femmes qui sont vraiment à la rue, qui sont en galère. C’est un peu plus dur pour elles.
Deux : pour les couples et les familles. Quand ils vont dans les structures, on leur dit : vous avez des enfants, on peut pas.
Trois : pour ceux qui ont des chiens. Pour nous, à Grenoble, il n’y a aucun hébergement qui nous accepte.

Ce qu’il pense de cette mobilisation :
Heureusement qu’il y a des gens comme vous. Même si on sait que cela ne va rien changer. Les chevaux mettent des oeillères. Eux, ils mettent des oeillères sur leurs oreilles.

Eux, ce sont, bien sûr, les pouvoirs publics.