La décadence en flashy

« Hans Fallada, vie et mort du buveur » racontée et illustrée par Jakob Hinrichs nous plonge dans l’univers sombre de l’alcoolo-dépendance. Le tourbillon d’une descente aux enfers programmée et inéluctable : noir et grinçant. 

Une histoire banale et tragique

Confronté à une série d’échecs professionnels, Erwin Sommer goûte aux délices de l’ivresse pour s’y abandonner inexorablement. Marié depuis quinze ans à Magda, son couple vole en éclats. Lucide et lâche, il va vivre sa dépendance et se nourrir de ses addictions.

Comme la société, et plus particulièrement l’univers des prisons et des hôpitaux pénitentiaires, juge les déviants sans proposer de réelles alternatives au mal-être et au désespoir, il sombre. Désemparé, l’homme se vautre dans ses contradictions et se noie dans les artifices . « Mon bon alcool, sois le bienvenu. S’enivrer, oublier, dériver vers le crépuscule, là où il n’y a plus ni échec, ni regret. » dit Erwin Sommer.

Une vision sans nuances

Vie et mort dun buveur pages 50

En proposant sa lecture du roman de Hans Fallada Le Buveur (Der Trinker) rédigé en 1944, enrichie de l’histoire personnelle de son auteur, Jakob Hinrichs écrit qu’il a « eu à cœur de créer quelque chose de neuf pour raconter une histoire nouvelle à partir d’une matière ancienne ». Il a cherché à « exporter son conflit d’homme traqué hors de son époque afin de le rendre accessible et pertinent pour la nôtre ».

En choisissant délibérément le rouge, le bleu, le jaune et le noir, aux traits appuyés, Jakob Hinrichs impose des couleurs crues et pures, sans nuances pour dresser un portrait coup de poing du fléau de l’addiction et une critique sans concessions de la société. Fruit d’un long travail de recherche biographique, l’écriture se veut limpide, étudiée et sombre pour renforcer encore le sentiment de malaise et d’oppression.

 

Jakob Hinrichs rend un vibrant hommage à Hans Fallada et nous fait partager une vision pessimiste de l’homme, condamné à subir toutes ses passions jusqu’à l’aliénation. Même l’écriture n’est pas montrée comme un exutoire, mais plutôt comme une addiction supplémentaire. La lecture de cet ouvrage est exigeante mais l’expérience est intense. D’ailleurs, n’hésitez pas à participer à notre concours hebdomaire pour gagner un exemplaire de cette bande dessinée haute en couleur.

 

HansFallada.couvHans Fallada, Vie et mort du buveur
Jakob Hinrichs
Traduction de l’allemand Laurence Courtois
Éditions Denoël Graphic