L’histoire d’un printemps

Il était une fois, une reine blanche nommée Bardhë qui gouvernait un univers de glace et de neige. La légende racontait que quiconque s’y aventurait, périrait dans d’atroces souffrances dans les méandres de sa mélancolie. D’apparence merveilleuse, sa beauté figée attisait la curiosité et l’envie des hommes qui se perdaient dans sa propre prison. Un jour, alors que la tempête faisait rage, un aventurier du grand Nord s’égara dans la vallée interdite. Étranger à cette région, le voyageur ne connaissait pas les histoires effroyables que l’on y racontait. Le coeur vaillant, il s’enfonça dans une étrange forêt d’arbres pétrifiés par le froid, non loin de là, au milieu d’une patinoire qui devait, jadis, être une clairière. Il aperçut des ombres figées, recouvertes de neige. En s’approchant, il réalisa que ce n’était pas des statues, mais des hommes de tous âges emprisonnés par le gel. Pris de panique, il hurla au secours ; ses cris de désespoir retentirent en écho dans le labyrinthe de glace. Perdu et face à la mort, il vit une lumière écarlate transpercer le silence de la nuit et rayonner sur les troncs glacés, laissant apparaître la reine fantôme.

 

 » Nul ne sort d’ici vivant mon brave, j’ai le regret de vous dire que vous allez périr dans cette forêt, comme tout ceux qui s’y sont perdus.  
 » Attendez, s’écria-t-il, dites-moi au moins pourquoi vous êtes si cruelle, vous qui semblez si douce et si fragile, qu’a donc subi votre coeur pour éprouver une telle haine ? « 
 » Personne ne m’avait encore posé la question, répondit-elle, mais soit, je veux bien te raconter ma triste histoire : voilà bien longtemps déjà, je vivais dans un monde rayonnant de lumière et de vie, un monde où tout semblait magnifique et éternel jusqu’au jour où je dus me marier. Mon père organisa un grand bal durant lequel je devais choisir un prétendant, seulement voilà, je n’en trouvais aucun. Durant des années, j’attendais que quelqu’un m’aime réellement et non pour mon titre, mais sans succès. Mon père mourut de vieillesse quelques années plus tard, je me retrouvais seule au milieu de l’hiver. Celui-ci fût si rude que les habitants durent partir, et nombreux d’entre eux furent figés par la glace. Avec le temps, le froid m’envahissait et je m’enfermais dans une solitude me conduisant à l’errance.Aujourd’hui encore je reste prisonnière de mes songes et l’hiver ne me quitte plus. « 
Pris de tendresse et de tristesse pour la jeune femme, il se jeta à son cou en lui implorant de lui pardonner son geste, mais face à tant de désarroi, personne ne peut rester de glace. Il la serra dans ses bras et versa une larme sur son coeur.Surprise, elle se rappela de cette chaleur familière et le soleil apparut soudainement, faisant fondre la glace sur toute la vallée et autour du château. Alors que les yeux de Bardhë reprenaient vie peu à peu, son manteau de glace se brisa et pour la première fois depuis de nombreuses années, elle se mit à sourire.
«  Merci brave voyageur, merci pour ta bonté et ton courage, grâce à toi, je revis de nouveau. Comment te remercier ?  » demanda-t-elle !
 » Votre sourire est une telle satisfaction mais j’ai pourtant une requête à vous faire…libérez ces hommes dont l’ignorance a causé leur perte, laissez-les retrouver leurs familles et vivre heureux comme avant. « 
 » Ton coeur est plein de sagesse, j’accéderais à ta demande à une condition, que tu restes ici, avec moi, et que tu deviennes mon roi ! « 
 » Ma reine, c’est un si grand honneur que vous me faites, mais êtes – vous sûre de vouloir d’un simple vagabond, dont vous ignorez le nom, comme roi ? « 
 » Peu importe ton nom, j’ai trop longtemps cherché une âme aussi pure que la tienne et je ne veux pas la perdre. Tu seras un bon roi ! « 

Vous l’aurez compris, face à ces mots, la reine et le voyageur s’unirent pour la vie, vécurent heureux et …