REBONDIR APRES LE RSA : DÉCOUVREZ LE PARCOURS INSPIRANT DE GÉRALDINE

Ancienne ingénieure commerciale,  Géraldine décide en 2010, suite à un licenciement, d’entreprendre une reconversion professionnelle.

Après deux ans au chômage et trois années au RSA, elle gère aujourd’hui avec succès son entreprise de sophrologie, yoga et massage. Un parcours inspirant qu’elle a accepté de partager avec nous.

 

Pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes passée d’ingénieure commerciale à sophrologue ?

Jusqu’en 2010 j’étais ingénieure commerciale dans une société d’aménagement de plateformes logistiques. J’adorais mon travail, j’avais un salaire confortable, une voiture de fonction, un superbe appartement. Tout allait bien dans ma vie.

Puis en juillet 2010, après plusieurs mois de placardisation, j’ai reçu une lettre de licenciement. Deux heures plus tard, on changeait les serrures de mon bureau.

Je suis alors tombée en dépression. J’ai commencé une thérapie, et en janvier 2011, j’ai pratiqué la sophrologie pour apaiser mon anxiété. Ça a été une révélation. J’ai remonté la pente d’un point de vue personnel et j’ai trouvé en même temps ce que je voulais faire professionnellement. En mai 2011, j’ai commencé ma formation de sophrologue à Paris.

Comment s’est passée la transition suite à votre licenciement ?

Comme j’avais droit à deux ans d’indemnités Pole Emploi, j’ai décidé de consacrer un an à ma formation, puis un an au montage de mon entreprise. J’ai rendu mon appartement, mis mes affaires dans un garde-meubles et je suis retournée vivre chez ma mère avec mes deux enfants.

Avez-vous été accompagnée pendant vos deux années de chômage ?

Oui, j’étais suivie chaque mois par une conseillère Pole Emploi, et par Crescendo, un organisme sur Voiron qui accompagne la création d’entreprise. Ils m’ont donné de précieux conseils pour mon site Internet et son référencement. J’ai aussi bénéficié de l’aide de l’ADIE avec l’octroi d’un crédit pour financer mon matériel et la participation à des formations en comptabilité et prospection commerciale.

Votre formation de sophrologue vous a-t-elle été financée ?

Non car elle n’entrait pas dans les formations prises en charge par Pole Emploi. Je l’ai donc financée seule grâce à ma prime de licenciement.

A l’issue de vos droits au chômage, vous avez été bénéficiaire du RSA pendant trois ans ?

J’ai d’abord touché l’ASS (Allocation de Solidarité Spécifique) versée par Pole Emploi pendant 2 ans, en plus d’un tout petit salaire généré par mon activité. Puis en 2014,je suis arrivée à la fin de mes droits, je n’avais plus rien. Je n’avais pas été informée que je pouvais demander le RSA, mais ma mère s’étant renseignée, j’ai pu monter un dossier avec une assistante sociale et en bénéficier de janvier 2015 à janvier 2018.

Comment avez-vous vécu cette période au RSA ?

Je suis très indépendante par nature, donc demander et recevoir de l’aide m’a beaucoup coûté. Je suis aujourd’hui très reconnaissante car sans ce soutien financier, ça aurait été vraiment très compliqué. N’ayant pas de loyer à verser, l’aide du RSA m’a permis de m’investir complètement dans mon activité sans être obligée de chercher un travail à mi-temps. Par contre, j’avoue que m’actualiser chaque trimestre était source de stress. Je n’avais pas d’information précise sur comment remplir la déclaration en tant qu’entrepreneure, et si l’on n’est pas dans la bonne case, si l’on ne renvoit pas le bon chiffre, les droits peuvent cesser. Cela m’est arrivé de ne rien percevoir pendant quelques mois. Même si cela a été régularisé par la suite, ça crée de l’instabilité et de la précarité.

Y a-t-il eu des moments de découragement où vous ne voyiez pas comment vous alliez vous en sortir ?

Oui, j’ai vécu de grands moments de solitude. C’est là où il est important d’avoir choisi sa voie par le cœur et non par dépit. C’est ce qui permet dans les moments difficiles de s’accrocher et de continuer malgré tout. Et puis chaque fois que j’ai voulu arrêter, mes enfants étaient là pour m’encourager et me dire que je ne pouvais pas abandonner après tout ce que j’avais déjà fait.

En tant que bénéficiaire du RSA, vous avez été accompagnée dans le cadre de votre Contrat d’Engagement Réciproque par l’ACEISP. Cela vous a-t-il aidé ?

Oui, j’ai eu une conseillère formidable. C’était un accompagnement de tous les moments. Elle m’a donné beaucoup de conseils en communication pour me faire davantage connaître. Elle m’a aussi aidée à créer mon tableau d’amortissement et mon business plan pour acheter mon appartement dans lequel je voulais réaliser mon cabinet et accueillir des ateliers collectifs. Elle était là pour suivre l’évolution de mon CA, anticiper la baisse progressive du RSA puis le passage à la prime d’activité.

Y-a-t-il eu d’autres personnes qui vous ont soutenue pendant tout ce parcours ?

J’ai eu la chance d’avoir un bon soutien de la part de ma famille et de mon entourage. J’ai gardé les amis qui ont cru en moi. Car quand on est au chômage, pour certaines personnes, on devient moins fréquentable. C’est dur à vivre, mais ça permet de faire du tri dans ses relations. Mon réseau a beaucoup changé à partir du moment où j’ai initié ma reconversion, j’ai rencontré des personnes très inspirantes dans mes formations. Et puis dans les moments difficiles, je me rappelais que je ne voulais plus jamais vivre ce que j’avais vécu dans mon métier d’avant.

Parmi vos qualités, lesquelles ont permis le succès de votre entreprise ?

Le fait d’avoir toujours besoin d’apprendre. Partir de zéro, tout découvrir et tout construire m’a stimulée Mis à part la comptabilité, j’ai tout fait moi-même. Mes qualités commerciales acquises dans mon ancien métier m’ont ensuite aidée à développer mon activité et vendre mes prestations. Enfin, je dirais ma pugnacité, le fait de ne rien lâcher !

Quelles nouvelles compétences avez-vous développées ?

Par la diversité des publics que j’accompagne, j’ai développé des qualités d’écoute et d’analyse. J’ai aussi découvert la satisfaction que l’on retire du fait d’être utile pour l’autre. J’ai aussi complété mon offre en me formant au massage et au yoga, je réponds ainsi à une demande plus large de détente, bien-être et gestion du stress. C’est vrai que c’est pour moi une grande satisfaction aujourd’hui lorsqu’une personne arrivée en pleurs repart du cabinet avec le sourire.

Qu’est-ce qui a changé dans votre façon de travailler ?

Le fait de pouvoir aménager librement mes horaires de travail et mes périodes de vacances. J’ai pu être plus disponible pour mes enfants et les voir grandir. Je me mets désormais la pression que je choisis, celle que je suis capable de supporter.

Quel message aimeriez-vous partager avec des personnes bénéficiaires du RSA qui vivent des périodes de doute et d’inconfort ?

J’aurais envie de leur dire : « Restez curieux, trouvez quelque chose qui va vous porter. Quoi que vous entrepreniez, faites-le parce que ça vient du cœur et ne cessez jamais d’y croire ! »