« Manifestation de notre désintérêt » de Jean Rouaud

Un livre pour nous alerter des dangers qui nous menacent face aux intérêts des multinationales qui nous imposent de consommer toujours plus pour augmenter leurs profits. Selon Jean Rouaud, nous sommes promis à un avenir difficile : famine pour des milliards d’hommes, effet de serre, pénurie de pétrole, raréfaction du poisson…

De grands groupes sans contrôle jouissent d’une totale impunité et souhaitent nous dicter leur loi :

La croissance n’est pas au service de l’humanité
L’industrie invente le tout nouveau téléphone qui sera abandonné au profit d’un autre dans six mois. Les marchés, relayés par les gouvernements, nous demandent de consommer toujours plus pour assurer la croissance jusqu’à l’extinction des ressources de la planète. La croissance, c’est le pillage de la terre et l’asservissement des hommes. Cependant, les marchés sont de plus en plus pressés : les produits se doivent d’être fragiles, renouvelés fréquemment, leur obsolescence est programmée dès leur conception. Obsolescence par vétusté accélérée mais aussi par ringardise des téléphones, tablettes, smartphones et écrans HD…

L’autonomie des individus se réduit comme peau de chagrin !
Les gens démunis avaient le système D, mais cela représentait un danger pour les marchés. Ils pouvaient réparer un mixeur, un ordinateur ou leur voiture. Aujourd’hui, on réchauffe des plats préparés et on n’imagine plus réparer soi-même sa voiture. Les garagistes eux-mêmes doivent « retourner un boîtier électronique au constructeur » en se gardant bien d’y toucher !

Le marché a inventé la… dématérialisation de la culture
Le livre représenterait la déforestation, le CD, l’or qu’on pille. Pourtant « les marchés s’en foutent ». Pour leurs profits, il veulent dématérialiser la culture. La dématérialisation : c’est simplement moins de main-d’œuvre et moins de transport et d’intermédiaires !
La dématérialisation permet aussi de déposséder le consommateur du livre qu’il a pourtant acheté. Il ne peut plus le prêter à un ami et il est totalement dépendant du site internet sur lequel il a téléchargé le fichier correspondant.

La science au service des marchés et non au service des hommes
L’auteur insiste sur le fait que la science agit souvent au profit de ceux qui la financent. Des hommes de science et Monsanto ont inventé la graine… qui ne pousse qu’une fois. D’après Rouaud, quand un scientifique indépendant démontre que « des rats sont tombés malades après avoir consommé des OGM », ses confrères dénoncent la rigueur de son protocole ou sa bonne foi.

Total contre la limitation de notre consommation de pétrole
Partant du constat que les gens ont moins consommé de pétrole cette année, l’auteur indique des alternatives au pétrole. On propose également de réduire la vitesse sur les routes et la puissance des voitures. Cela permettrait de limiter l’effet de serre, la consommation des particuliers, les morts sur la route et de ménager les ressources de la planète. Mais « Total n’apprécie pas et fait pression » sur le gouvernement qui cède toujours…

 

 

Un ouvrage parfois difficile à lire mais qui a le mérite d’aborder de façon différente la question de la croissance. Les gouvernements sont impuissants à limiter l’influence de ces grands groupes, mais, d’après Jean Rouaud, nous pouvons décider de refuser cette course effrénée à la consommation.
L’intérêt des marchés n’est pas notre intérêt. La seule façon de nous défendre, c’est de marquer pour les choses notre désintérêt. « Non, merci, votre nouvel appareil ne nous intéresse pas », nous saurons nous en passer !

 

Manifestation de notre désintérêt (2013) de Jean Rouaud, Editions Climats, 59 pages, 6 euros

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