Ambition Jeunesse : Une alliance territoriale pour sortir la jeunesse de la pauvreté

En 2023, le dispositif Ambition Jeunesse est mis en place à Grenoble. Porté par la ville et plusieurs associations, il repose sur la volonté d’associer entreprises privées, publiques et associatives dans un projet commun : lutter à long terme contre la précarité des 0-25 ans.

Faire front contre le déterminisme social

En mars 2023, la ville de Grenoble, le CCAS, et le Groupement des Possibles ont mené un diagnostic sur le territoire, mettant en lumière la précarité dans laquelle se trouvent des milliers de jeunes, d’enfants, et de parents grenoblois. À Grenoble, 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté, dont 28% des moins de 30 ans, et 59% des jeunes salariés sont en contrat précaire.

De plus, selon un rapport publié en juin 2018 par l’OCDE, il faudrait, en France, jusqu’à six générations pour que les descendants d’une famille pauvre puissent atteindre un revenu moyen. 

Afin de faire reculer ces chiffres au-dessus de la moyenne française, et d’endiguer le déterminisme social et le cercle vicieux de la pauvreté, trois axes d’action ont donc été établis.

Les trois axes sont les suivants, décomposés en deux ou trois projets, chacun porté par un acteur associatif

  • Soutenir la petite enfance et la parentalité, au travers d’une sensibilisation des parents et professionnels aux écrans pour les 0-5 ans, d’une prévention de l’échec scolaire avec des ateliers de langage, et une animation d’ateliers intergénérationnels.
  • Prévenir et lutter contre l’échec scolaire, au travers de stages de 3ème de qualité et d’une favorisation du recrutement inclusif des entreprises.
  • Faciliter l’insertion professionnelle des jeunes, au travers d’un accompagnement personnalisé de jeunes éloignés de l’emploi, de ceux avec des difficultés d’accès à un premier emploi et à un hébergement, et de jeunes femmes en situations personnelles difficiles et violentes.

Un investissement pour l’avenir

Avec ce dispositif, la ville de Grenoble parie sur sa jeunesse, mais aussi sur l’intérêt et la mobilisation de ses entreprises territoriales, « car seuls, les pouvoirs publics ne pourront pas résorber la pauvreté » (« Créer des alliances pour prévenir la pauvreté des jeunes », Break Poverty Foundation). Alors qu’« en France, seules 9% des entreprises font du mécénat, et moins de 2% du mécénat social », Ambition Jeunesse leur offre une opportunité de devenir actrices de l’avenir du territoire grenoblois, et de son milieu associatif.

C’est le cas, par exemple, de MINATEC, qui a décidé de s’engager dans l’aide à l’insertion professionnelle des jeunes en accompagnant et en finançant les projets des associations Viens voir mon taf et Article 1. La société de micro et nano technologies reçoit ainsi tous les ans des élèves issus de quartiers défavorisés pour leur stage de 3ème, et offre à des lycéens et écoliers du mentorat et de l’aide à l’orientation. 

Avec ces actions, le directeur général de MINATEC, Pierre Edouard Cardinal, souligne l’importance de « créer des ponts entre le domaine privé et le domaine associatif » et de « travailler en lien avec des jeunes défavorisés [car] ce sont eux aussi qui représentent notre avenir » (interviews rapportées par Break Poverty Foundation, et par Adeline Charvet pour le Gre.mag).

Le 9 avril 2025 s’est tenue une rencontre entre les associations, les entreprises et les partenaires d’Ambition Jeunesse afin de partager les premiers résultats du programme. Ainsi, ce sont 437 000€ levés sur trois ans et 1602 jeunes accompagnés depuis automne 2024. 

Faire la différence dès le plus jeune âge

© Association Pangolin

Parmi les projets soutenus par le programme, « Enjeux des écrans 0-5 ans » accompagne les parents et professionnels dans leur utilisation des écrans avec les enfants. Mené par l’association PANGOLIN, le projet propose gratuitement : 

  • des ateliers collectifs et ludiques pour les parents afin de discuter et questionner ensemble la place des écrans dans la vie de leur enfant
  • de la formation pour les professionnels de la petite enfance sur cette problématique
  • de l’accompagnement individuel pour les familles qui le souhaitent

L’enjeu pour l’association est de présenter l’écran, ses atouts, et ses défauts, sous un point de vue objectif. En effet, souvent dépeint négativement par la presse et les médias généraux, l’écran est devenu un objet culpabilisant pour les parents et utilisateurs. Le projet prend donc le contrepied de cette tendance, comme le rapporte Victor Pavailler, coordinateur et fondateur de l’association PANGOLIN, en aidant, au contraire, son intégration au foyer familial de manière équilibrée et adaptée à l’âge, l’environnement, et l’utilisation qu’en fait l’enfant.

De ce fait, les ateliers à destination des parents ne sont pas présentés comme de la prévention, mais plutôt comme un moment de partage d’informations et de conseils. Ils abordent ainsi la question des écrans parmi d’autres sujets au travers de discussions et de jeux participatifs à but non culpabilisant. Le travail opéré par l’association repose avant tout sur la déconstruction des idées reçues pour une reconstruction plus proche de la réalité.

Le premier atelier mené par l’association PANGOLIN a permis de réunir seize parents d’enfants en crèche, un chiffre très encourageant pour le futur.

Plusieurs projets sont encore en attente de financement et/ou en cours de mise en place. Retrouvez toutes les informations et actualités du dispositif sur le site d’Ambition Jeunesse.

Crédit photo : Laure Harbon