Depuis l’émergence d’internet, nous sommes de plus en plus vulnérables aux harcèlements, arnaques et autres malveillances. Que ce soit par le biais des appels, des réseaux sociaux ou même des jeux en ligne, les « cyberviolences » sont devenues monnaie courante et peuvent parfois avoir de sérieuses conséquences.
« C’est pas grand chose », « C’est de ma faute », « Ça pourrait être pire », « Ça finira par passer », « La justice ne fera rien » …
Nombreuses sont les raisons qui peuvent pousser à ne pas agir face aux violences qui nous sont infligées. L’aspect virtuel est d’autant plus insidieux qu’il peut donner l’impression que les choses ne sont pas “réelles” et vont se régler en éteignant nos appareils..
Le cyber anonymise les coupables, les rend plus nombreux et leur permet d’agir de façon presque banale en un simple clic. Dès lors, il est facile d’être tenté de ne rien faire, quand on sait que les institutions classiques semblent dépassées par le sujet.
Même si cet aspect du web est de plus en plus encadré, les procédures judiciaires restent ardues. Alors, qu’est-il possible de faire ?
Vous trouverez ici un guide pratique simple pour les victimes et les témoins de violences trop souvent passé sous silence.
Sans préambule, en cas d’urgence :
Si vous avez besoin d’une assistance immédiate, appelez immédiatement le 17 ou le 112. En cas de difficulté à parler ou entendre, envoyez un SMS au 114.
L’aspect virtuel du cyberharcèlement et des cyberviolences peut laisser penser que le problème n’est pas “réel”. C’est faux.
Même en ligne, le harcèlement est un délit, puni par la loi de façon très concrète :
- une injure ou une diffamation publique peut être punie d’une amende de 12 000 € (art. 32 de la Loi du 29 juillet 1881) ;
- pour le non-respect du droit à l’image, la peine maximum encourue est d’un an de prison et de 45 000 € d’amende (art. 226-1, 226-2 du Code pénal) ;
- l’usurpation d’identité peut être punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende (art. 226-4-1 du Code pénal).
Se protéger du cyberharcèlement
La première étape en cas de cyberviolence, c’est se protéger.
Bloquez les messages, changez vos identifiants, modifiez les paramètres pour limiter les interactions en ligne avec des gens en qui vous avez confiance. Vous pouvez aussi demander une intervention des équipes de modération dédiées de la plateforme concernée.
Surtout, parlez-en. Un proche, un thérapeute, un service d’aide aux victimes… Comme toujours, il est important de ne pas s’isoler et ne pas culpabiliser. Être victime, ce n’est pas être responsable de ce qui nous est infligé.
Si tout cela peut sembler basique, c’est une première étape importante, même si elle ne suffit pas toujours.
Vous trouverez ci-dessous quelques sites informatifs qui disposent de guides, numéros et autres outils pour vous aider à vous situer sur les différentes cyberviolences.
Sites informatifs :
CNIL
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) est l’autorité française de protection des données personnelles et de régulation des technologies numériques. Bien qu’elle soit une institution française officielle créée par l’État, la CNIL reste indépendante dans son fonctionnement et ses missions.
Le rôle de la CNIL est d’informer, conseiller et contrôler les droits et obligations des usagers du numérique.
Concrètement, elle veille à ce que les données ne soient pas diffusées ou utilisées à mauvais escient. Pour ça, elle propose des lois et des sanctions adaptées, organise des événements de sensibilisation et accompagne les particuliers, entreprises ou toute autre organisme dans leurs démarches en cas de cybermalveillance.
Que faire sur ce site ?
Le site internet de la CNIL contient entre autres des explications pour reconnaître et agir face au cyberharcèlement, ainsi que divers liens et numéros utiles si vous êtes victimes de cyberviolence.
Cybermalveillance
Regroupant des acteurs publics et privés ayant mis leurs actifs en commun, cybermalveillance.gouv est une plateforme d’intérêt public pour répondre à la hausse de la cybercriminalité. Cybermalveillance.gouv a pour missions d’assister les particuliers et organismes victimes de cybermalveillance, de sensibiliser au risque cyber, d’informer sur les menaces numériques et les moyens de s’en protéger.
Que faire sur ce site ?
En plus des guides et ressources mis à disposition, la plateforme a créé l’outil 17Cyber.
Ce dispositif d’assistance en ligne en lien avec la police et la gendarmerie permet de faire le diagnostic de la situation de façon très simple, et d’orienter vers les plateformes nécessaires selon les problèmes rencontrés.

En plus…
Vous pouvez trouver en ligne d’autres structures spécialisées de confiance, comme l’association Point de Contact et le programme Internet Sans Crainte, qui ont mis en place des guides, ressources et outils de signalement.
Comment agir face aux cyberviolences
D’abord, conservez les preuves. Faites des captures d’écrans, notez autant d’informations que possible (fréquence des messages, nom du compte…) Tous ces éléments seront nécessaires si vous devez porter plainte ou signaler du contenu.
Quand se protéger seul ne suffit pas, c’est qu’il est temps de s’adresser aux services spécialisés dans le sujet.
Ça ne signifie pas que vous allez porter plainte ou entrer directement dans des procédures longues et pénibles. Ces services sont là pour vous accompagner et vous guider dans vos démarches. Vous pouvez les contacter de façon confidentielle pour poser vos questions, ou au contraire recevoir un accompagnement complet pour mettre en place des solutions juridiques.
Deux sites majeurs :
PNAV
La plateforme numérique des signalements et d’accompagnement des victimes (PNAV), a été mise en place pour accompagner en cas de violences sexuelles, conjugales, discriminatoires, ou cyberharcèlement.
Elle permet aux victimes d’échanger avec des policiers ou des gendarmes formés spécialement face à ces situations.
Les victimes peuvent échanger via le tchat – ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 – avec des policiers prêts à les écouter, les rassurer et les accompagner dans leur démarche.
À tout moment, et par sécurité, il est possible de se déconnecter en urgence de la conversation sans qu’aucune trace de connexion ne puisse être détectée dans l’historique de l’appareil utilisé.
Derrière ces conversations qui peuvent durer plusieurs heures, vous trouverez des policiers spécialement formés face à ces situations ainsi qu’un psychologue pour les assister.

Les victimes peuvent être accompagnées vers un dépôt de plainte. Ou bien, elles peuvent être orientées dans leur démarche vers des services de justice, mais également auprès d’associations dédiées, de partenaires locaux, de psychologues de commissariat et des structures d’information juridique
E-Enfance
Parmi les plus touchés par les cyberviolences se trouvent les enfants et les adolescents, aussi il n’est pas étonnant que des dispositifs d’accompagnement spécialisé aient été mis en place.
L’association e-Enfance (siégeant à Paris), agréée par le ministère de l’éducation, regroupe les guides et autres outils pour aider à reconnaître et lutter contre le cyber-harcèlement et le harcèlement à l’école. Le site dispose entre autres d’un “harcèlomètre” qui peut aider à appréhender la situation en quelques questions simples.

En plus d’effectuer des actions de sensibilisation, l’association a fait mettre en place le numéro 3018. Anciennement « Net écoute », qui permet en toute confidentialité de signaler et faire supprimer du contenu malveillant ou d’obtenir l’aide de spécialistes du droit et de psychologues.
Autres liens utiles :
Associations locales
En Isère, il existe un grand nombre d’associations d’aides aux victimes
Même si elles ne se spécialisent pas dans le numérique, elles peuvent vous accompagner de façon gratuite et confidentielle pour vous présenter vos droits, vous orienter, vous soutenir dans vos démarches et vous offrir un soutien juridique, social et psychologique.
Ces associations sont à disposition quelle que soit la sévérité de la situation et n’engagent aucunement à des procédures judiciaires. Elles ne sont pas là pour vous représenter ou porter plainte, simplement pour vous accompagner dans ces démarches.
Quelques adresses d’associations d’aide aux victimes :
Numéro gratuit d’aide aux victimes : le 116 006
Annuaire des associations d’aide aux victimes
Aide Information aux Victimes
26 Rue colonel Dumont – 38000 Grenoble
04 76 46 27 37 ou contact@francevictimes-grenoble.fr
Association de Prévention Sociale et Service d’Aide aux victimes
Tribunal de grande instance – 16 place Charles de Gaulle – 38209 Vienne
04 74 85 58 66 ou apress.assoc@wanadoo.fr
Association ISIS Nord Isère
33 rue du Tribunal – 38300 Bourgoin Jallieu
04 74 19 24 30 ou isis.nordisere@orange.fr
Dans le cas de démarche judiciaire :
Bureau d’aide aux victimes de Grenoble
Place Firmin Gautier, BP 100 – 38019 Grenoble
04 38 21 21 21
Bureau d’Aide aux Victimes de Bourgoin Jallieu
10 rue du Tribunal – 38300 Bourgoin Jallieu
04 69 15 29 80
Permanence d’information et d’orientation juridiques de Fontaine
Mission locale – 72 Mail Marcel Cachin – 38600 Fontaine
04 76 53 34 10
Soutien psychologique gratuit
Isolement, dépression, stress, anxiété, colère, insomnie, addiction… Qu’elles soient mentales ou physiques, les cyberviolences peuvent avoir des conséquences sérieuses.
En France, le dispositif « Mon soutien psy » permet à toutes personnes à partir de 3 ans, d’obtenir le remboursement de 12 séances chez les psychologues conventionnés avec l’Assurance Maladie.
Vous pouvez aussi retrouver ici une liste de différents lieux de soutien sur Grenoble
Le signalement de contenu :
Le cyberharcèlement est loin d’être la seule des cyberviolences. Les sites ci-dessous permettent de réaliser des signalements et de faire supprimer du contenu numérique nocif :
Le dispositif PHAROS pour le contenu malveillant :
La Plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements (PHAROS) traite des signalements des contenus illicites publics diffusés sur Internet.
Le dispositif THESEE pour les victimes d’arnaque :
Le dispositif de traitement harmonisé des enquêtes et signalements pour les e-escroqueries (THESEE) permet de porter plainte ou de signaler l’infraction en ligne.
DISRUPT pour les contenus intimes diffusés sans consentement
Le dispositif d’interruption de diffusion de contenus intimes, opéré par l’association Point de Contact, est accessible à tous et permet de traiter et faire retirer des contenus déjà en ligne, ainsi que d’anticiper une éventuelle diffusion en ligne. L’opération peut être effectuée de façon anonyme.
La CNIL, pour faire supprimer vos données personnelles :
Pas étonnant qu’on parle une nouvelle fois que la CNIL, vu son importance dans la défense du numérique.
Si chaque réseau ou plateforme en ligne à des systèmes de blocage et de signalement internes, ils ne sont pas toujours à même de répondre ou peuvent être trop lent à agir.
Si les sites refusent de supprimer des données personnelles après un mois, il est possible de déposer une plainte auprès de la CNIL
Conclusion :
Un enfant d’âge scolaire sur six est victime de cyberharcèlement d’après une étude de l’OMS. Un rapport de l’ONG Plan International France de 2020 montre qu’une fille sur quatre n’ose pas partager ses opinions en ligne par crainte.Une femme sur deux est victime de harcelement sur les jeux en ligne et les sites de rencontre, 60% des enfants et 40% des adultes ont été victime de cyberviolence au moins une fois…
Les cyberviolences sont omniprésentes et requièrent une solution. Même si les recours juridiques peuvent sembler intimidants, utiliser les outils disponibles et être accompagné peut être une vraie arme pour les victimes.
En 2023, la plateforme PHAROS a recensé plus de 20 000 signalements. Sur la même année, E-enfance compte 14 000 comptes et contenus supprimés et 65 interventions par semaine. Ces outils font une vraie différence et c’est en continuant de s’en servir qu’ils s’amélioreront et deviendront de plus en plus efficaces.
Témoins et victimes, vous avez les moyens d’agir et de vous battre.