Stephane Hessel a cessé de s’indigner

Stephane Hessel s’est éteint mardi 26 février à l’âge de 95 ans. Il était de ceux qui semblent avoir eu plusieurs vies. Diplomate, ambassadeur, résistant, écrivain et militant politique, il a été placé au devant de la scène par son best-seller « Indignez-vous ! », paru il y a deux ans.

Né en 1917 à Berlin dans une famille juive allemande, il est arrivé en France à l’âge de 7 ans. Naturalisé français, il a fait ses études à l’École normale supérieure. Mobilisé en 1939, il entre dans la Résistance en 1941. Il est arrêté et déporté à Buchenwald en 1944 puis s’évade quelques mois plus tard, lors d’un transfert, avant d’être repris. En 1945, il doit à l’avancée des armées américaines d’être libéré.

Parlant quatre langues, il mène alors une carrière de diplomate pendant près de 40 ans et participe en 1948 à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen. Homme de gauche et européen convaincu, il est conseiller au cabinet de Pierre Mendès-France en 1954-55 et délégué interministériel pour les questions de coopération et d’aide au développement de 1981 à 83. Plus récemment, il fut l’un des médiateurs pour les sans-papiers des églises Saint-Ambroise et Saint-Bernard. Ardent défenseur des droits de l’homme et de la cause palestinienne, Stéphane Hessel était aussi connu pour ses prises de position contre la pauvreté et pour le développement de l’Afrique.

Écrivain, il a rédigé plusieurs ouvrages et a connu un succès phénoménal en 2010, avec son livre « Indignez-vous ! ». Ce manifeste adressé aux jeunes, prônant l’esprit de résistance, a été édité à quatre Millions d’exemplaires et traduit en dix langues. Il a inspiré de nombreux mouvements contestataires à travers le monde dont Occupy Wall Street, aux États-Unis et celui des « indignés » en Espagne. Fort de ce succès, cet éternel jeune homme a parcouru le monde, portant sa parole de résistance face à la toute puissance de l’argent.

Signataire il y a quelques mois, de l’Appel contre l’échec scolaire, il avait la conviction que l’éducation était la plus belle arme de la démocratie. Dans un monde en état de crise, il faut espérer que cette indignation ne meurt pas avec celui qui l’a portée aux nues.

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