« Exiliados » au Musée de la Résistance : 40 ans d’exil

Quarante ans après le coup d’état et l’instauration d’une dictature militaire au Chili, le Musée de la Résistance et de la Déportation consacre une exposition temporaire, du 14 juin au 21 octobre, aux exilés chiliens qui trouvèrent refuge en Isère.

Si leur nombre peut sembler modeste (environ 4000 personnes, pour des centaines des milliers contraintes à l’exil), l’impact de l’arrivée de ces déracinés sur la vie militante et associative iséroise est significatif. L’exposition raconte la solidarité et l’engagement, tant des municipalités socialistes et communistes que des citoyens qui accueillirent avec chaleur et respect les exilés. Elle raconte aussi la lutte, qui a continué depuis l’Isère comme du monde entier, contre la dictature  d’Augusto Pinochet.

S’ouvrant sur la dernière photographie de Salvador Allende, président du Chili démocratiquement élu au moment du coup d’état, et sur son dernier discours prononcé à la radio quelquesstade santiago heures avant son suicide, cette exposition raconte également le Chili et les Chiliens basculant dans une dictature  criminelle, qui arrêta, tortura et assassina des milliers de femmes et d’hommes.

Comme à son habitude, le Musée de la Résistance et de la Déportation met autant en valeur la grande que la petite histoire, celle d’un pays et d’un continent et celle de personnes dont le quotidien va chavirer. De simples objets, que l’on pourrait trouver banals, témoignent d’une réalité individuelle bouleversante. Un sac de toile qui rappelle le dénuement dans lequel se faisait l’exil. Papiers chiliens et papiers français illustrant un changement de nationalité et d’existence. Ou la photographie de cette petite fille au visage fermé posant devant les immeubles de la Villeneuve, qui semble tout dire.

Mais l’un des points d’orgue de cette exposition réside également dans une salle consacrée à des photographies exceptionnelles, mises à disposition et exposées également par le Musée de la Mémoire et des Droits de l’Homme de Santiago. Ces clichés sont autant de documents d’une grande rareté montrant la vie quotidienne sous la dictature de Pinochet, ainsi que la résistance qui, malgré les violences policières et militaires, perdurera jusqu’à la fin.

 exiliados afficheDes clichés qui évoquent, comme par reflet, ceux que proposent le Musée de la Résistance dans son exposition permanente, comme si les dictatures, quels que soient le temps ou le lieu, se ressemblaient et se rassemblaient dans leur mépris pour la liberté et les droits humains.

Autour de l’exposition Exiliados est proposé un programme riche et varié tout au long de l’année 2013, tant par le Musée de la Résistance que par le Collectif Chili 1973-2013. Des rencontres exceptionnelles sont ainsi prévues, comme cette table ronde le 17 septembre en présence de Juan Guzmàn, premier magistrat à avoir inculpé Augusto Pinochet pour crime contre l’Humanité.

Enfin, parallèlement à l’exposition, le Musée propose également un ouvrage collectif dont nous parlons plus en détail dans cet article.

Laisser un commentaire